L'avocat de la terreur

Il est difficile de ne pas être fasciné par ce genre de personnage. Le film correspond aux attentes que j'avais dans la mesure où il rend bien compte de la nature insaisissable de l'avocat des causes perdues. On se demande même, lors des interviews, qui mène la danse, de lui ou de Barbet Schroeder; et c'est tant mieux.
On apprend beaucoup sur l'histoire de l'Algérie et sur les luttes pour l'indépendance.

Mais surtout, on réfléchit au terrorisme d'une autre manière, on le recontextualise.
J'étais trop jeune pour me souvenir des attentats du début des années 1980 mais je me souviens avoir été terrorisée, pour les attentats de Saint-Michel et de Port-Royal, au point d'avoir pendant un certain temps préféré prendre le bus (j'imaginais que les attentats y étaient beaucoup plus difficiles à perpétrer... L'histoire a prouvé que j'avais tort) alors que cela doublait quasiment mon temps de trajet. Tout cela pour dire que l'entreprise de terreur a très bien fonctionné sur moi. Sans parler des menaces d'attentats et des attentats après le 11 septembre. Puis on apprend à vivre avec cette horrible menace, on en vient même à se rappeler que les attentats sont bien plus nombreux et parfois meurtriers dans des pays qui y sont malheureusement plus habitués.

Le terrorisme a un visage affreux, mais le film de Schroeder m'a fait découvrir une personnalité fondamentale de l'Algérie: Djamila Bouhired. Voilà une autre figure fascinante, une femme du milieu du XXème siècle engagée dans le combat politique, adulée par ses compatriotes, hommes et femmes, qui a soulevé dans le monde entier des manifestations de soutien lors de sa condamnation à mort et qui était pourtant poseuse de bombes... Et on repense aux Justes de Camus et au dilemme des terroristes qui y sont mis en scène, à la question de la violence légitime soulevée par Sartre (c'est bien ça collègue prof de philo vénérée qui se reconnaîtra?)...

Un film qui fait réfléchir...